I-PROF

L’accès à SIAM (système d’information et d’aide pour les mutations) se fait via le portail i-prof depuis le mouvement 2007. Les opérations de mutations concernent chaque année environ 100 000 collègues (phases inter et intra, affectations des TZR), soit près du quart de la profession. Compte tenu du nombre de collègues concernés, chacun saisit bien l’ampleur des enjeux, tant individuels que collectifs.

Qu’est-ce qu’i-prof  ?

Mis en place en 2005 afin de « dématérialiser » une partie des données administratives ou personnelles concernant chaque collègue, i-prof est présenté comme un nouvel outil de gestion télématique, pour lequel chacun a un accès individuel (un compte utilisateur et un mot de passe) et où chacun peut consulter des éléments de son dossier, contacter son service gestionnaire par courriel, ajouter les informations qu’il souhaite porter à la connaissance de l’administration, en particulier dans la rubrique « CV ».

I-prof est donc un outil destiné à faciliter l’accès aux données administratives et la communication avec l’administration. Pour autant, il ne remplace en aucun cas le dossier administratif de chaque fonctionnaire : le dossier « papier » complet reste consultable au rectorat et ne peut être dématérialisé.

 I-prof et les mutations : les dessous d’une opération

Si le ministère a choisi de faire transiter une opération de gestion de masse comme les mutations par i-prof, ce n’est pas par hasard : comme tous les collègues doivent passer par i-prof pour demander une mutation, en particulier tous les stagiaires en première affectation, cet usage généralisé et obligé n’est pas sans conséquences, par le simple volume des dossiers traités. Mise en oeuvre en 2005, lors des opérations de promotion à la hors classe des certifiés, l’utilisation d’i-prof s’est ainsi considérablement développée depuis 2007, alors qu’elle était restée jusqu’alors relativement marginale.

Or, cette expérimentation était concordante avec l’offensive de l’administration visant à briser les cadres collectifs de la gestion des personnels au prétexte de l’individualisation des carrières, afin de favoriser l’arbitraire et le poids des hiérarchies de proximité sur les promotions de tous.

Premières questions : le devenir des données collectées et la confidentialité du système

La conservation immatérielle de données relevant de la vie privée (avoir un conjoint, des enfants, être mariés ou pacsés ou vivre en union libre, constituer un dossier médical…) les rend potentiellement très durables : de fait, au prétexte d’une gestion individualisée des collègues et de leur carrière, l’administration se retrouve en possession permanente d’une vaste base de données. La situation est inédite, elle concerne la catégorie la plus nombreuse de salariés en France : nous continuons à penser que les avis relatifs à i-prof rendus par la CNIL ne constituent pas une garantie suffisante, notamment sur la question du cloisonement des parties du dossier, des croisements possibles de fichiers et des usages autres qui pourraient en être fait.

Ainsi, une faille de sécurité décelée dans i-prof permet à d’autres que l’intéressé lui-même d’avoir accès à son dossier personnel de mutation, et à son NUMEN censé demeurer confidentiel. Bien qu’averti dès l’origine, le ministère ne croit pas bon devoir remédier au problème. Or cette question n’est pas anodine : pour une mutation, les collègues fournissent des pièces justificatives et des documents papiers. Il semble souvent fastidieux d’avoir à renouveler cette opération à chaque campagne de mutation. Pour autant, ces pièces matérielles doivent être détruites chaque année à l’issue du processus : c’est la garantie que ces informations relevant de la vie privée ne peuvent servir à autre chose. Mais i-prof en garde la trace, qui, elle, n’est pas détruite.

Une logique managériale

Au delà des facilités indéniables apportées aux collègues par l’utilisation d’i-prof, se profile une logique managériale. Qu’il s’agisse de la hors-classe ou des mouvements spécifiques, la forte recommandation faite par l’administration « d’enrichir son CV » promeut une attitude qui consiste à tenter de se faire valoir auprès de la hiérarchie. Cette logique est à l’opposé de ce qui constitue un fondement de la fonction publique depuis la Libération : la protection du fonctionnaire dans l’exercice de ses missions de service public par le droit à un déroulement de carrière à l’abri des pressions de toute sorte. Avec une telle accumulation de données, qui peut dire en effet, pour telle ou telle opération de gestion future, si des informations saisies dans la rubrique CV, destinées à faire apparaître tel collègue comme « méritant », ne pourraient ultérieurement le desservir aux yeux de l’administration ou de la hiérarchie ?

Une grande vigilance collective s’impose donc, et les élus des personnels sauront tenir toute leur place pour empêcher d’éventuelles dérives.

Accéder à i-prof : des précautions indispensables

La première précaution à prendre pour tous les collègues qui veulent ou doivent demander une mutation est de vérifier le plus vite possible que leur accès à i-prof est opérant. L’identification se fait par le compte utilisateur (initiale du prénom accolée au nom : pnom) et le mot de passe (le NUMEN, tant que vous ne l’avez pas modifié) tels que l’administration les a transmis. Si vous modifiez le mot de passe, pensez à le conserver. La connexion Internet doit pouvoir se faire dans l’établissement.
Un certain nombre de collègues rencontrent des problèmes de connexion, dont les causes sont multiples (prénom ou nom composés, homonymie, majuscules/minuscules …). Les stagiaires et ATER qui n’ont pas reçu d’identifiants, et les collègues dont les identifiants ne sont pas opérants doivent contacter immédiatement le rectorat via leur établissement (ou le ministère pour les collègues hors-académie). En cas de problème persistant sur plusieurs jours, alertez la section académique du SNES.

Notre conseil : ne saisir dans i-prof que le minimum d’informations requis pour l’opération de gestion qui vous concerne ; ne compléter dans la rubrique « CV » que ce qui s’avère indispensable, avec toute la circonspection nécessaire. La même circonspection s’impose dans toute correspondance par courriel avec l’administration.

Source SNES