Offensive sur l’apprentissage

Alors que le président de la République reçoit et décore des grands patrons, dont une ancienne présidente du Conseil national éducation économie, le Medef invite le gouvernement à créer une "task force apprentissage" sous 6 mois. C'est bien une offensive globale qui est menée pour une nouvelle répartition de l'enseignement professionnel.
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" Il est urgent de prendre conscience du désastre en cours : les chefs d’entreprise n’ont pas l’intention de prendre des apprentis bien qu’ils soient convaincus des vertus de ce dispositif. C’est ubuesque !". Dans un communiqué, Pierre Gattaz, président du Medef, invite le gouvernement à " constituer autour de lui une task force qui lui remettrait dans 3 mois des propositions de fond permettant de sauver cette voie d’excellence".
 
Le Medef invite le gouvernement à créer une « task force apprentissage » permettant de formuler des propositions concrètes d’évolution de l’apprentissage sous 3 mois. Cette « task force » pourrait être constituée d’un binôme chef d’entreprise-parlementaire à l’image de ce qui a été mis en place pour la simplification et le dispositif pénibilité. Il est impératif que l’apprentissage soit désormais piloté directement par le Premier ministre, comme tout sujet transversal d’importance".
 
Le Medef définit même plus précisément le rôle de chacun. "Cette réforme devra mettre l’entreprise au cœur du dispositif d’apprentissage autour de 4 aspects. L’orientation des jeunes : arrêtons de dévaloriser les métiers techniques et l’apprentissage et informons précisément chaque élève des débouchés de chaque filière. Le contenu de la formation : il faut que les entreprises soient codécisionnaires du contenu des formations. La carte de formation : elle doit s’adapter aux besoins des entreprises. Le financement de l’apprentissage : redonnons aux entreprises la liberté du financement de ces dispositifs."
 
Cette initiative du Medef intervient après que l'Agefa Pme ait également lancé une campagne de sensibilisation sur l'apprentissage. L'Agefa Pme a signé des accords de partenariat avec des centres de formation, créant un système d'enseignement professionnel parallèle, en lien étroit avec les entreprises.
 
C'est le moment que choisit le ministère pour publier deux notes de la Depp qui pèsent elles aussi dans le sens de l'apprentissage. Selon ces notes, "44% des jeunes sortant du lycée ont un emploi 7 mois après la fin de leurs études". Mais c'est "62% des apprentis" qui ont un emploi dans le même délai. Ainsi est relayée l'idée que l'apprentissage est une voie meilleure que la formation Education nationale pour accéder à l'emploi.
 
Or cette idée mérite d'être davantage creusée. D'abord parce que les conditions d'insertion des apprentis dépendent énormément des secteurs et des niveaux de formation. Ainsi seulement 35% des apprentis en coiffure trouvent un emploi sur la période.  Ce n'est el cas que pour 54% des titulaires d'un CAP, un taux à peine supérieur à celui des lycéens. Surtout, les deux notes comparent des catégories qui ne sont pas comparables. Les lycéens sortants ne sont pas des salariés en formation. Et on remarque déjà chez eux que des caractéristiques non scolaires impactent de façon importante l'accès à l'emploi. Ainsi les lycéens de CAP titulaires du permis de conduire sont deux fois plus nombreux à accéder à l'emploi que les sans permis. Les apprentis ne sont pas des lycéens. Ce sont des jeunes déjà sélectionnés par les entreprises, autrement dit des pré salariés.
 
F Jarraud du Café Pédagogique